Tokyo de notre correspondant
Alors que H-Story sort sur les écrans français, le tournage d'un nouveau film japonais vient de commencer dans la ville martyre. Le film, dirigé par Yoshida, soutenu par le Centre national du cinéma français qui a investi 20 millions de francs dans sa production, raconte l'histoire de trois générations de femmes, depuis ce jour fatidique du 6 août 1945 jusqu'à aujourd'hui. Un tournage rare, car Hiroshima comme Nagasaki continuent de tétaniser les réalisateurs nippons. La douleur indicible de la première bombe atomique, dont tous les écoliers japonais apprennent les ravages dès le primaire, assomme ceux qui approchent la ville. Même l'auteur de H-Story, pourtant natif de Hiroshima, n'a pas échappé à ce syndrome: «Tout est venu de mon ami le cinéaste américain Robert Kramer (ndlr: mort en novembre 1999), raconte Nobuhiro Suwa. Lui avait une idée claire de Hiroshima, de la mémoire qu'elle charrie et de ce qu'il voulait dire. Moi, je n'avais au début rien à exprimer. Les Japonais ne peuvent pas voir ni parler de cette ville. C'est à la fois trop intime et trop énorme.» Kramer a disparu. Mais la volonté de continuer «pour lui», et l'envie de repartir sur les traces de Hiroshima mon amour, le film phare d'Alain Resnais, l'a emporté: «La personnalité de la ville comme l'omniprésence de l'oeuvre de Resnais se sont imposées au cours du tournage. J'avais vu le film quand j'étais étudiant, mais il ne m'avait pas beaucoup marqué. C'est au contact de la ville