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Libération
Critique

Yaoundé, la modernité viciée

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publié le 17 octobre 2001 à 1h17

Au Cameroun, le grand lycée de Yaoundé, orgueil du système scolaire hérité de la France, fut le vaisseau amiral de tous les espoirs de l'indépendance. Erigé dans les années 50, il ne porte toujours pas le nom «d'un grand homme camerounais, ni d'un écrivain, comme c'est la tradition en France, observe Jean-Marie Teno, qui y fit ses études, mais celui d'un militaire: le général Leclerc, qui emmena les enfants du pays mourir en métropole, en 1940. Sans doute pour les éduquer...»

Jean-Marie Teno a mauvais esprit, malgré sa voix douce. Une insolence rare chez les cinéastes africains d'aujourd'hui, dont les films, en bonne partie financés par les subsides publics de l'Hexagone, ont rarement le mauvais goût d'aller interroger les legs empoisonnés de la colonisation.

Chronique. Mais Teno, qui doit une partie de son indépendance aux financements «extérieurs» (allemands, notamment) qu'il a su s'adjoindre, trace depuis vingt ans son bout de chemin d'une façon toute personnelle, entre fictions et documentaires.

Vivant en France, il retourne presque chaque année au Cameroun. Vacances au pays (tourné en deux étés, en 1998 et 1999) n'est, en somme, que la chronique d'une de ces visites rituelles. Teno reprend les parcours de son enfance quand, pour les vacances scolaires, il quittait Yaoundé où ses parents étaient installés, afin de participer aux récoltes d'arachide et de maïs dans le village familial de Bandjoun.

Illusions. Rien de plus simple. Rien de plus accablant. «Tout ce qui vient de l