Eureka, le précédent film et chef-d'oeuvre terminal de Shinji Aoyama, s'achevait sur un océan, façon «elle est retrouvée, quoi? L'éternité». Desert Moon hurle à la lune comme un astre enviable. Peut-être que là-bas?... Pour ici, c'est un peu plus coton, et la promesse d'envol tarde à venir. Le film, mal reçu à Cannes par une critique elle-même cernée, fut globalement décrit comme fatigant. Sauf ici, où l'on nuança: non, pas fatigant mais fatigué, épuisé d'être amarré à un corps, d'en subir la lourdeur, infoutu encore d'atteindre la légèreté gazeuse que justement lui promettent la lune ou la mer. Le récit ruine un à un les liens, déjà forts pourris, qui tiennent une belle trentenaire, son mari au coeur brisé et un amant punky de petite envergure. Peu de moments d'abandon, mais d'immenses séquences de dépossessions de soi enveloppées d'une lumière réfrigérante, signé du chef op' Masaki Tamra. On a rarement atteint au cinéma une telle volonté de solitude. On risque aussi, malheureusement, de se retrouver bien seul dans la salle, estimant mal qui, dans cette période coincée entre Amélie Poulain la bécasse et Ben Laden, voudrait bien se distraire de deux heures de «Détruire dit-il» entre folie pure et nihilisme incontrôlé. On sait Aoyama être un cinéaste doublé d'un mélomane. Eureka se rêvait «post-rock/post-cinéma»; Desert Moon aux airs de Jugement dernier commence sur Caroline No des Beach Boys, il aurait aussi bien pu se choisir I'm Rock de la rouflaquette humaine seventies Bo
Critique
Aoyama hurle à la lune
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par Philippe Azoury
publié le 19 octobre 2001 à 1h19
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