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Libération
Critique

Bobigny aux rythmes d'Addis-Abeba.

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publié le 19 octobre 2001 à 1h18

(envoyé spécial à Châteauvallon)

C'est un festival à deux faces, la blanche et la noire. La blanche figure la musique du jour, un rythme spirituel, sophistiqué. La noire est comme la nuit, propice aux abandons dans des cabarets plus ou moins bricolés. Mais tous les musiciens, une quinzaine, de cette «Ethiopique 2» affichent le blanc, teinte de leur habit national, la chemma (une tunique pour les hommes, une robe pour les femmes), imprimée de motifs rouges, jaunes et verts popularisés par les rastas jamaïcains. En Ethiopie, les musiciens de la tradition noble et ceux des tedj bets, les bistrots et les clubs, ne se fréquentent pas. Mais dans ce spectacle coproduit par Châteauvallon et le MC3 Bobigny, les azmaris, baladins de la nuit, devisent avec Alèmu Aga, le représentant vedette d'une musique sacrée trois fois millénaire, dit-on. La cinquantaine affable, Alèmu joue depuis 35 ans de la bèguèna. Cette grande lyre à cordes grattées ou pincées donne un son adouci vrombissant, amplifié à l'aide d'une mystérieuse lanière de cuir.

Apprentissage. C'est un instrument d'hom mes, «mais les femmes peuvent en jouer», précise Alèmu Aga qui a été initié par un voisin, professeur de bèguèna. «Vous écoutez, vous regardez, vous imitez», poursuit-il pour expliquer son long apprentissage d'une lyre vénérée comme une icône dans l'un des plus vieux pays judéo-chrétiens du monde. Certaines parties de cette harpe portent des noms d'archanges, tel Gabriel, ou celui de la Vierge, les dix cordes de boy