Le slogan existentiel du jour est aussi douteux qu'une publicité pour produits anticalvitie: il y aurait un avant et un après. Avant, on était frivole. Après, on est sérieux. Avant, on regardait Loft Story. Après, on regarde la guerre. Avant, on se demandait en grignotant des cacahuètes si Loana était Nana ou Cendrillon. Après, on s'interroge sur la culture pashtoune en buvant du thé froid. Avant, on écoutait Eminem. Après, on réécoute Cat Stevens. Avant, on lisait Houellebecq et Catherine M. Après, on lit le Coran. Oui, les ventes du Coran ont augmenté en France. Apparemment, c'est une bonne nouvelle. Le pays compte plusieurs millions de musulmans; il ne serait pas inutile, pour les autres, d'apprendre enfin à les connaître. L'Education nationale aurait dû s'en préoccuper depuis longtemps. Mais est-ce bien le meilleur moment pour ouvrir le Coran? On risque de partir avec quelques a priori. Le 11 septembre n'est pas le moindre. La période 1933-1945 n'était peut-être pas la meilleure pour entrer, l'esprit libre et le coeur ouvert, dans Nietzsche et Heidegger. Sauf pour quelques érudits. Mais ceux-là ne les découvraient pas: ils se consolaient avec eux, et d'autres, en vérifiant que la culture allemande ne se résumait pas à ce que certains en exportaient.
Découvrir le Coran ces jours-ci, comme un best-seller, c'est trouver toutes les raisons qu'on veut de justifier sa peur. Comme tous les grands textes religieux, le Coran est un livre complexe, un millefeuille de règles et de s