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Libération
Critique

Garance et les fleurs de paradis

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publié le 19 octobre 2001 à 1h19

Quand Garance concocte un bouquet évoquant Libération, elle le matérialise comme un fouillis champêtre, aux teintes «pétardes», celles de petits oeillets violets et fuchsia, qui s'arrangent comme des papillons avec des statices parme, des celastrum aux baies orange et des graminées (Hordeum). Mais elle voit aussi Libé tout en Calla noirs et blancs, soit neuf petits arums minimalistes, entrelacés avec une branche de myrtilles, et piqueté d'un piment rouge sang. «Un bouquet très graphique.» Dans sa boutique de fleuriste aux murs vert et rouge, qui ravivent une rue longuement triste, pas de bouquets ronds tout faits, pas d'alignements façon bottes de poireaux, pas d'inflation décorative à la mode Tortu. Sans chichis, dans des vases et des seaux, baignent toute une flore variée dont Garance, aussi botanisante, peut décliner le nom savant.

Chez Garance, les habitués du quartier viennent en file indienne repérer leurs fleurs. Puis laissent faire la bouquetière qui traduit leurs envies imprécises en autant de bouquets attentionnés. Au printemps, elle joue avec des lilas à peine ouverts, une branche de tilleul, des capucines, des pensées, des tulipes-perroquets aux contours ébouriffés très kitsch... En automne, elle penche vers le marron des branchages, ne craint ni les chrysanthèmes qu'elle sort des cimetières, ni le rose criard d'une bruyère d'Afrique du Sud, ni les glands des forêts. Un coup d'oeil à son client, et elle arrange un petit buisson des bois sur mesure, où baies, feuil