Manon Gignoux crée des vêtements pour accueillir des objets ou emmitoufle des objets dans des vêtements. A l'école supérieure des Arts appliqués Duperré, où elle a achevé ses études l'année dernière, elle a navigué entre stylisme et textile et consacré son ouvrage de fin d'études aux tenues de travail des ouvriers du début du siècle dernier: blanchisseuses, pêcheurs, tailleurs, charpentiers... Dans des petits carnets, Manon a collectionné des centaines de photos détails de plis de tabliers, de manches retroussées, d'accrocs reprisés, de poches déformées qui l'inspirent dans sa réflexion sur l'usure et le travail du temps. De l'image d'un écheveau de corde sur l'épaule d'un ouvrier, elle tire une écharpe confectionnée dans des lambeaux de costume, de la soie sauvage et du coton. Elle froisse des draps en lin, découpe une tunique dans la doublure d'un pantalon en lainage, sculpte des plis à grands coups de fer à repasser et glisse un sac de couchage dans une redingote en guise de faux cul. Les stylistes de la Bonne Renommée, histoire de bousculer un peu une clientèle trop conventionnelle, ont proposé à Manon de piocher dans les invendus de la dernière collection pour les détourner. Elle s'est attaquée aux gilets en laine bouillie, a surpiqué de noir les robes chasubles grèges, démonté un manteau de tweed orangé. Il en est sorti des faux cols en patchwork de tissu rapiécé, des mandilles de pages de la Renaissance, un tablier froncé et lacé dans le dos. Manon expose ses créa
Critique
Manon, l'usure pas triste
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publié le 19 octobre 2001 à 1h19
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