L'une des théories majeures de Jean-Luc Godard, c'est que le cinéma est profondément un art du XIXe siècle (acte de naissance: 1895) dont l'expansion aura été fulgurante au XXe. Pour les jeux vidéo, c'est un peu la même chose: c'est foncièrement un art du XXe siècle (né autour de 1975), dont l'expansion sera foudroyante au XXIe. Nous avons en effet un bon siècle devant nous au cours duquel le jeu vidéo accomplira un envahissement majeur de notre culture commune et de nos consciences singulières, de notre paysage collectif et de nos mémoires individuelles, de notre vie endormie comme de nos rêves éveillés. Exactement comme le cinéma. Certains prophètes prévoient d'ailleurs un devenir-jeu du monde tout entier. On voit mal ce qui pourrait s'y opposer, à l'heure où les générations qui arrivent aux commandes de nos sociétés ont toutes ou presque été biberonnés à la virtualité ludique, avec Sega, Atari ou Nintendo en guise de baby-sitter.
Pourtant, l'économie et l'industrie des jeux vidéo viennent de connaître une année très morose. Après des lustres de croissance exponentielle et de valeurs cotées en hausse, le secteur a vécu les heures noires du déficit et de la déflation boursière, laissant beaucoup d'acteurs au mieux groggy au pire sur le carreau. Dans la grande déconvenue qu'ont connu les valeurs high-tech sur les places financières, celles qui capitalisaient sur le jeu vidéo ont été parmi les premières à prendre les coups: en France, une société comme Kalisto l'a appris à ses