Il y a une semaine, l'Auditorium du Louvre donnait le coup d'envoi d'un cycle de trois soirées consacré aux rapports des philosophes à la musique. La première, dévolue à Socrate, a été un succès. Elle s'ouvrait par une conférence du musicologue Alain Patrick Olivier, suivie du Criton de Platon lu par Jean-Baptiste Malartre et Denis Podalydès de la Comédie-Française, puis du Socrate de Satie, joué au piano par Bertrand Halary et vocalisé par le ténor Jean-Paul Fouchécourt. Ce fut l'occasion de rappeler qu'avant le XXe siècle, en dehors de Rousseau tentant avec son Devin du village de rivaliser avec Rameau, et de Nietszche dont la musique a été enregistrée, rares furent les philosophes préoccupés de musique (et les musiciens de philosophie). Confirmant le préjugé selon lequel musique et philosophie n'ont pas besoin l'une de l'autre pour exister.
Décisif. Au XXe siècle, la donne change un peu. Après Xénakis et les modèles mathématiques, certains héritiers de la Nouvelle Complexité suggéreront l'influence des philosophes sur leur travail. Mais avant eux, il y aura eu Adorno, dont l'engagement en faveur de la musique contemporaine se révélera décisif dans la réception critique et sociale de cette dernière. Il est l'auteur d'une Philosophie de la Nouvelle Musique, de nombreux essais sur Wagner, Hindemith ou Stravinski, et d'un article intitulé Originalité de la technique de composition de Berg dans lequel il explique comment le compositeur de Wozzeck a dépassé Wagner, en transcenda