Un coin de Saint-Germain-des-Prés. Serge Rezvani attend par une belle journée d'automne l'interprète qui lui donne à nouveau envie de chansons. Pour Mona Heftre, l'auteur du Tourbillon (du film Jules et Jim) a repris sa guitare délaissée depuis trente ans. Une vingtaine de titres a vu le jour l'hiver dernier. En patientant, l'homme de 73 ans resitue les liens qui l'attachent à cet hôtel désormais peuplé de touristes américains.
«Truffaut, par plaisir». C'est ici qu'il y a cinquante ans, le jeune homme mi-slave mi-persan retrouvait sa femme Danièle. Silhouette élancée, cheveu indiscipliné et geste imprégné de féminité, Rezvani se confie d'une voix douce. «Elle m'a apporté tout ce qu'une femme peut donner à un homme. Sans préméditation. Aujourd'hui, je m'aperçois que nous ne nous sommes jamais quittés une seule journée.» Sous le nom de Lula, elle lui a inspiré une grande partie de ses romans, pièces de théâtre, peintures et chansons. «Après le succès du Tourbillon, Bardot, Gréco, Régine m'ont demandé d'écrire pour elles. Même Hollywood m'a contacté pour composer des musiques de films. Mais je ne travaille pas à la commande. J'écrivais des chansons avant tout pour mes amis, Truffaut, par plaisir.» Retirés depuis les années 60 à la Garde-Freinet, Serge et Danièle Rezvani viennent d'abandonner leur maison varoise pour s'installer à Paris.
Mona Heftre est entrée dans la vie de l'auteur-compositeur, par le biais d'une reprise de Jamais je n'ai dit que je t'aimerai toujours (popularis