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Libération

Avec la Piscine, Roubaix dans le bain

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Sa piscine historique est recyclée en musée d’Art et d’Industrie, sous le signe du textile.
publié le 22 octobre 2001 à 1h20

C’était une piscine qui ressemblait à un palais. Ce sera un musée qui ressemble à une piscine. Et toujours à un palais. A Roubaix, dans le superbe temple Arts déco de l’hygiène et du sport recyclé en musée d’Art et d’Industrie, presque rien n’a changé. Les céramiques vert d’eau des cabines de déshabillage, les patères usées sur lesquelles on accrochait ses frusques, les vitraux redessinant le soleil, les mosaïques couleur lapis-lazuli, la tête de Neptune échevelé crachant l’eau en continu, les baignoires arrondies taillées dans le ciment : tout est là, prêt à raviver les souvenirs.

Populaire. Le lieu des plaisirs de l’enfance transformé en musée, la nostalgie faite patrimoine : il fallait au moins ça pour séduire les Roubaisiens, peuple de travailleurs (et de chômeurs) peu consommateurs de culture. Il y a dix ans, quand il a fallu trouver un endroit pour accueillir le musée parmi les dizaines de bâtiments vides (1) - friches industrielles, églises, musée désaffecté ­, la piscine a émergé, évidente, comme lieu le plus cher au coeur des autochtones. «J’y allais avec mes frères, se souvient Denise Bouchez, née Motte, douzième enfant née dans une famille de patrons du textile. La lumière, les mosaïques, le décor, c’était magique, la récompense.» Ici, dit la légende, se côtoyaient, dans leur maillot en jersey tricoté, fils d’ouvriers et de patrons. «Peut-être le seul lieu de vrai mélange social», selon Bruno Gaudichon, conservateur du musée à l’origine de ce recyclage réussi.