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Libération
Critique

«Eva Perón», où Copi reprend corps.

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publié le 23 octobre 2001 à 1h21

Argentin de Paris en exil d'une dictature, Copi signe en 1970, avec Eva Perón, sa première grande pièce ouvertement politique. Une farce du pouvoir où le grotesque boulevardier se joue absurdement de la mort et dont le personnage éponyme porte en gestation tous les monstres qui naîtront du théâtre de Copi. Ce portrait iconoclaste de la petite mère des foules populaires, cette «Santa Evita» obscène et manipulatrice, jurant, insultant sa mère et entubant le monde entier, vaudra à son auteur un bannissement durable du continent latino-américain. Quand Copi meurt en 1987, pas une ligne ou presque n'est encore traduite dans son pays. C'est un autre Argentin, le jeune acteur et metteur en scène Marcial di Fonzo Bo, arrivé en France quelques mois après la mort du dramaturge, qui entreprendra de le ramener à sa langue en créant, l'été dernier, Eva Perón à Santiago du Chili avec des acteurs chiliens, dans la foulée d'une tournée latino-américaine du spectacle Copi, un portrait, créé avec les Lucioles (Libération du 26 janvier). En plein ressassement mortifère, l'ancien pays de Pinochet offre alors une caisse de résonance toute trouvée aux provocations de Copi. Pour l'Argentine qui vient de consacrer le retour en force des péronistes au Parlement, il faudra sans doute encore attendre.

Tournée. C'est sur la scène du Théâtre national de Bretagne (TNB) que les Chiliens entament leur séjour en Europe. Des barbelés enserrent l'écran des surtitres, traités à la manière des bulles des personn