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Libération

La mémoire hongroise à portée de voix.

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Depuis 1900, des passionnés sillonnent le pays pour enregistrer les chants populaires.
publié le 24 octobre 2001 à 1h21

Budapest envoyé spécial

Les trois vieux Tsiganes attablés à l'heure du déjeuner dans les locaux qui abritent la maison de disques Fono portent les mêmes costumes gris, cravates noires et chemises blanches. Cette usine désaffectée de Budapest (située côté Buda), quelques amateurs de musique traditionnelle l'ont transformée dès 1995 en poumon de la production discographique et du spectacle vivant des musiques du monde. De là provient une bonne partie des artistes programmés dans le cadre de la Saison hongroise en cours depuis juin en France (lire encadré). Les trois Gitans au visage ridé sont arrivés le matin même d'un lointain village de l'est du pays. Après le repas, ils rejoignent un studio. L'un s'assied devant un cymbalum. Debout, les deux autres prennent un violon et une contrebasse. Entre la cabine vitrée de l'ingénieur du son et le trio, un homme muni d'un cahier donne le signal, puis prend des notes tandis que les septuagénaires jouent, hilares.

Sandor Laszlo, le patron de Fono, aidé par quelques musiciens et musicologues de Budapest, a lancé en 1997 ce concept de collection discographique qu'il appelle «La dernière heure». Le producteur explique que «le but est de faire venir pour la journée des musiciens ayant envie de sauvegarder des mélodies dont ils sont les derniers détenteurs. On les enregistre sur CD, sachant que ce ne sont pas des groupes structurés mais des musiciens qui se côtoient au hasard des fêtes et cérémonies de villages, qui se font rares». L'opération