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Libération

Double Axel

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publié le 26 octobre 2001 à 1h23

De la même façon qu'une famille produit toujours du bruit, un bruit de fond sur lequel poussent les plus belles névroses (Freud appelait ça le «bruit familial»), la radio installe une ambiance sonore qui provoque souvent d'étranges effets stéréo-névrotiques. En ce moment, sur l'oreille gauche vient s'échouer régulièrement Cargo de nuit d'Axel Bauer. Ecrit en 1983, vendu à 1,5 million d'exemplaires, le morceau n'a jamais vraiment disparu des ondes. Mais il revient de façon un peu plus insistante avec le revival années 80, l'arrivée des trentenaires au pouvoir (dans les radios, au moins) et surtout le succès du dernier single d'Axel Bauer, chanté avec Zazie, A ma place. Lequel titille l'oreille droite. La diffusion de ces deux titres, séparés par dix-huit années mais programmés concomitamment, produit un étrange effet de décalage sono-spatio-temporel. Comme si en tournant le bouton «balance» de la chaîne, on pouvait sauter d'une date à l'autre, d'une zone adolescente à une zone adulte, d'une ambiance «Fabius n'est pas encore Premier ministre» à «Fabius est déjà ministre des Finances». Perturbation. Oreille gauche: «35 jours sans voir la terre» «J'ai voulu tout chaviré», «tidilida toudadilaaya» (équivalent du yeeyee- y-eee d'Indochine). Réminiscence visuelle aussi: esthétique SM Querelle de Brest du clip; marins clandestins du Havre. Axel Bauer débarque à Champs-Elysées chez Michel Drucker. Il essaie de casser sa guitare avec une méticulosité ridicule. «J'avais oublié que, quan