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Libération
Reportage

Le gîte et le couvent

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Repas communautaires, prières et chambre rudimentaire... Récit de la retraite d'une athée à l'abbaye bénédictine du Bec-Hellouin.
publié le 26 octobre 2001 à 1h23

Bec-Hellouin (Eure) envoyée spéciale

Saint Benoît a écrit: «Et chaque hôte sera accueilli et traité comme le Christ en arrivant au monastère.» A l'abbaye du Bec-Hellouin, ce vendredi soir, c'est plutôt d'un «Vous êtes la dame de 20 heures?» que l'apprenti retraitant est accueilli. «Vous serez un peu en retard pour le dîner, avait prévenu le frère hôtelier, mais on vous gardera une part.» C'est donc un peu intimidé qu'on pousse la porte du réfectoire (qui ressemble furieusement à n'importe quelle cantine), s'attendant à une scène façon le Nom de la rose. C'est que le cliché est tenace sur la retraite en monastère et les images toutes faites mêlées aux questions ontologiques se bousculaient dans le car Evreux - Bec: «Est-ce qu'on pourra quand même parler à un être humain, malgré le "Les repas seront pris en silence" de la brochure d'accueil?», «Faut-il assister à tous les offices, cinq en tout, des laudes matinales (7 heures) aux complies (20 h 30), en passant par la messe de 11 h 45, la none de 14 h 25, les vêpres de 18 heures? car "C'est dans la louange commune que Dieu nous construit tous ensemble en Corps du Christ"?», «Est-ce que les portables passent?»

En fait de moines en robe blanche (la tenue des Bénédictins), il y a dans le réfectoire un aimable groupe de Belges, venus là une semaine opérer une retraite sous la houlette de frère Ferdinand. Pour l'heure, armé d'une louche de soupe aux légumes, il tente de rassurer une habituée, une Parisienne affolée par les événements