Jean-François coud de la fausse fourrure, Manuela enfile des perles, Annie façonne un bibi, Abou repasse du wax, Claudio thermo colle de la soie, Grace double une chapka et Olivier est à la bourre. A Pantin, dans un deux-pièces transformé en atelier, les ciseaux passent de table en table. Chacun planche sur sa collection bientôt en vente à la Raffinerie, la boutique qu'ils ont ouverte ensemble à la Bastille. Là-bas, pêle-mêle sur les portants et les étagères, les créations de 25 jeunes stylistes. Au départ ils étaient quatre, sortis des formations continues du Greta, section couture. Inséparables et pas très fortunés, ils montent le Labo, une association aux règles égalitaires: chaque membre paie une cotisation, une part du loyer de l'atelier et de la boutique. Si le but du jeu est de mutualiser les frais, de mettre en commun les énergies et les contacts, «il arrive qu'on merde un peu sur les tours de garde à la boutique ou sur les prix de nos créations», raconte Jean-François Beauchêne. Cet ancien chasseur dans l'hôtellerie, qui confectionnait des robes à faux seins pour dragqueens à ses heures perdues, est à l'origine de ce phalanstère hétéroclite: Abou a démarré à Dakar à l'âge de 7 ans en fabriquant des poupées qu'il vendait à ses copines, Olivier, créateur de robes du soir, boucle le mois en faisant du télé marketing et Grace quitte tous les soirs ses chapeaux farfelus pour habiller Marianne James aux Folies-Bergère. Depuis deux ans, des dizaines de nouveaux talents ont
Critique
Le labo, label équipe
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publié le 26 octobre 2001 à 1h23
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