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Libération

Le rap a du sweat dans les idées

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Il y a cinq ans, ils imposaient leurs labels pour contrôler leur musique. Aujourd'hui, les acteurs du mouvement hip-hop se lancent dans la fringue. Certains font broder quelques dizaines de T-shirts avec les moyens du bord; d'autres habillent déjà des stars du rap.
publié le 26 octobre 2001 à 1h23

Nefaz, 26 ans, est dépité. Depuis quelques semaines, il essaie d'acheter en gros des sweat-shirts unis pour y imprimer sa marque, Weapon. «Un vendeur que j'avais croisé sur un marché pendant mes vacances m'avait promis de me fournir un lot de cent sweats mais il n'est jamais venu à mes rendez-vous. C'est dur pour moi de trouver des fournisseurs, je n'ai pas de société et donc pas de code APE pour les factures.» Après avoir peint tout ce que Le Havre comptait de stores de magasins et de murs vierges, ce graffiti-artiste a décidé, il y a deux ans, de s'attaquer aux T-shirts pour le «plaisir de croiser quelqu'un qui portait son oeuvre» et aussi pour «mettre un peu de beurre dans les épinards», avoue-t-il. Pour 10 000 F d'investissement (achat des T-shirts, sérigraphies, étiquettes et déplacements), il empoche 5 000 F de bénéfice. Mais l'hiver approche, et sa dizaine de points de vente lui réclame du sweat. Il pourrait acheter des «produits finis» en lot à Paris... «Mais là-bas, explique-t-il, je n'ai pas les contacts et j'ai peur de me faire avoir. En plus quand j'y vais, je me rends compte qu'il y a déjà 35 000 marques dans les magasins et je rentre chez moi découragé.»

L'hiver dernier Libération constatait déjà cette floraison de marques brodées sur du sweat-shirt («Banlieues, sweat home», 10 février). «Le phénomène n'est pas nouveau, commente Alexandre Demetrius, rédacteur en chef des hors-séries du magazine de rap Groove. Les pionniers français du streetwear comme Homecore,