(Montréal, envoyée spéciale)
La voix de Ronald Frye ne tremble pas. Il rit même à l'idée de retrouver sa famille pour son exécution, après huit années d'isolement dans le couloir de la mort en Caroline du Nord. De lui, on ne verra qu'une photo d'identité et le panorama à 360 degrés de sa cellule de la prison centrale. Le directeur de la prison, Warden Robey Lee, qui a déjà supervisé quinze exécutions, dont celle de Ronald, le 30 août, dit être «fier du boulot qu'[il] fait». Illustrant son témoignage sur les modalités de la peine de mort (trois bourreaux interviennent ensemble, de telle manière qu'aucun ne sait qui a administré la dose mortelle...), une photo, toujours à 360 degrés, de la chambre d'exécution. Autour du «cas» Ronald Frye, les récits de son frère, de son avocat ou de la soeur de sa victime constituent un faisceau d'éclairages sur le système judiciaire américain. Les deux réalisatrices américaines de ce documentaire, Alison Cornyn et Sue Johnson, ont travaillé pendant quatre ans à collecter les informations, obtenir les autorisations d'interviews de prisonniers, de leur famille et du personnel carcéral, pour un résultat d'une sobriété et d'une remarquable efficacité: 360degrees.org, premier «docuweb» à réellement exploiter les potentialités du média, donne du système pénitentiaire américain une vision humaine et insupportablement réaliste. A sa manière, 360degrees répond à la lancinante question de l'aggravation des conditions de détention aux Etats-Unis, dont la