Sous le camion, le pare-brise se fissure en mille éclats de verre. Lorsque Paul émerge du coma, il est absent à l'image. C'est sa femme que l'on voit, soulagée qu'il revienne à la vie sans contusions graves, en un seul morceau. Mais ce morceau n'est désormais entier qu'en apparence. Revenu de sa Near Death Experience, détaché du monde, démotivé pour vivre, il est incapable de trouver suffisamment d'énergie pour rejoindre ce lycée où l'attendent ses élèves de mathématiques, sa femme prof de sciences naturelles et sa maîtresse, la prof de musique.
Entomologiste. Dans les cadres conçus par Marie Vermillard, Paul occupe une place étonnante, à la fois proche et inatteignable, inscrit systématiquement à l'avant-plan: c'est une borne philosophale, placée entre le spectateur et le spectacle quotidien d'un monde qui, de derrière la vitre déprimée du personnage, apparaît comme une singerie, une pantomime misérable avec son lot d'amourettes, de veuleries, d'habitudes, une sorte de course dans une boîte de chaussures.
Le cirque de nos vies, il le regarde en entomologiste, observant les prisonniers heureux-malheureux d'une mécanique sociale tournant à vide. Il se sait être aussi, dans le même temps, un malade se cognant à cette vitre comme s'il était un insecte. Mais Paul est à la fois l'insecte contre la vitre et la vitre elle-même.
C'est pourtant sur cette vitre que le film va déraper, après une heure d'un joli acharnement à bousiller toutes les retrouvailles attendues avec la vie. Marie