Robert Grenier, 64 ans, dirige depuis 1978 le service d'archéologie subaquatique du Canada. A son actif, trente-huit ans de plongée. Il explique le pourquoi d'une convention internationale aussi radicale.
N'est-ce pas paradoxal, pour un archéologue, l'arrêt des fouilles ?
Il faut mettre un terme aux dommages irrémédiables causés par les chasseurs de trésors. Ils dérangent et détruisent la position des épaves, qui est comme un livre ouvert. Par exemple, une écuelle en étain, portant gravées les initiales d'un milicien, nous apprend qu'une épave était l'Elizabeth and Mary, de la flotte de l'amiral William Phips, qui s'attaqua à Québec, en 1690, avant de regagner Boston. C'est le plus ancien navire connu fabriqué en Amérique.
Dans un autre cas, un corps de fonte a révélé que les chercheurs s'étaient trompés dans l'identification française d'un navire: à l'époque, la fabrique française ne produisait pas de tube de ce calibre. Ces objets en bronze se vendent bien. Et si celui-ci était parti comme souvenir, l'histoire de ce naufrage aurait pu être perdue.
Il existe quand même des chasseurs soucieux du patrimoine ?
Il n'existe pas un seul cas de fouille ou d'excavation faite dans les règles de l'art. La loi du profit est antagonique avec le temps indispensable à la recherche. Au Canada, la fouille d'un galion basque espagnol du XVIe siècle a nécessité quatorze mille heures de plongée dans les eaux du Labrador, pour aboutir à une publication de 4 000 pages. Sans intérêt pour les chasseur