On s'est plus qu'accoutumé aux «Inaccoutumés», rendez-vous chorégraphique proposé par la Ménagerie de Verre, un lieu ouvert aux jeunes auteurs et aux expérimentations, encore incertain sur son avenir. Si la douzième édition des Inaccoutumés a pu avoir lieu grâce à un geste significatif de la Ville de Paris, la Ménagerie est toujours dans une situation bancale. Partageant les locaux avec le Centre national de la danse qui doit déménager pour Pantin au premier trimestre 2003, elle ne pourra payer la totalité du loyer et n'a aucune assurance de ses partenaires sur sa pérennité. En attendant, on peut toujours voir dans ce lieu unique en son genre, studio-laboratoire plus que salle de spectacle, des créations auxquelles on ne peut s'attendre. Pour le pire parfois, les ratés faisant partie du jeu, mais aussi pour le meilleur.
Contre toute attente (car on n'avait guère apprécié ses précédents débordements azimutés), on découvre une nouvelle facette d'Ami Garmon, associée à la scénographe Nadia Lauro. Sur un sol de peaux d'ours en feutrine, les pieds glissés dans de doux chaussons, on emboîte le pas de la chorégraphe aventurière jusqu'à un Nord imaginaire, en évitant les pièges touristiques. Explorant bien des territoires (le dur et le mou, le raide et le fondant, le brûlant et le glacial), se glissant dans des corps d'iguanes accrochés aux murs, la danse d'Ami Garmon transporte, ravit sans violence, scénographie et chorégraphie ne faisant qu'une. C'est ce genre d'agréable surprise q