«Peut-être que le cinéma a envie de me liquider», concède en souriant Jess Franco quand on lui demande pourquoi les festivals ne lui rendent hommage qu'aujourd'hui, alors qu'il a dépassé les 70 ans, et que sa filmographie aligne plus de 170 films. Le réalisateur espagnol était l'invité du 23e Festival de cinéma méditerranéen de Montpellier, puis, dans la foulée, de la Cinémathèque française à Paris. «Malgré mes 171 films, je suis finalement un inconnu et cela ne me gêne pas du tout.» Inconnu? Pas tant que ça.
«One-man show». Les amateurs de séries B et Z ont probablement déjà eu l'occasion de croiser les pellicules de Jess Franco sur les chaînes câblées, qu'elles soient réalisées sous son nom propre ou sous l'un de ses nombreux pseudonymes (dont certains empruntés à des jazzmen connus, comme Clifford Brown).
Jess Franco, Jesus Franco Manera de son vrai nom, connaît le succès dès 1960 avec l'Horrible Docteur Orloff, parabole ibérique autour des Yeux sans visage de Georges Franju. Avec ce film, Franco forge son style, aux confins d'un univers fantastique propre et sulfureux, quand il ne s'évade pas dans des longs métrages érotiques teintés d'épouvante. «Mon cinéma, c'est le monde du mystère, du surréalisme, de l'expressionnisme, de l'onirisme. Je vois le cinéma comme un show: le plus grand show du monde. Mais, dans mon cas, ce serait plutôt un one-man show car je n'ai jamais vraiment disposé de moyens financiers importants», analyse-t-il, avec ce pétillement qui éclaire ses yeux