Le XVIIIe siècle avait le goût des ruines romaines. Le XIXe, lui, a rêvé d'Orient: ses élites voyageuses ont arpenté les terres du Levant, repoussant aux confins de la Méditerranée les limites du «grand tour» que l'honnête homme se devait d'accomplir pour parachever sa formation humaniste. La BNF expose les témoignages photographiques de ces périples.
Fièvre. Le chemin avait été ouvert par les armées de Bonaparte et par Chateaubriand. Il fleurait l'aventure, l'exotisme et l'éblouissement des dépouillements bibliques marié à la rutilances des fêtes barbaresques. Aristocrates, artistes, intellectuels et bourgeois l'ont peu à peu balisé jusqu'à le transformer en ronde touristique: Egypte, Palestine, Syrie, Liban, Turquie... Rien, alors, n'apparaît plus brillant à l'industrieuse Europe que ces contrées lointaines où le dépaysement géographique prend la dimension d'une remontée dans le temps et précipite le visiteur à la source originelle des civilisations chrétienne et musulmane.
Désert. Ces sites mythiques aiguisaient, parallèlement, la fièvre d'appropriation scientifique: la photographie est immédiatement apparue comme l'instrument idéal de leur captation. Les savants (ou ceux qui oeuvraient à leur service) en ont précocement usé comme d'un mode de relevé, les peintres comme d'un outil d'annotation, et tous comme d'un véhicule du souvenir. Monuments et paysages d'Orient ont captivé l'objectif de générations d'explorateurs et les images qui nous en restent sont aussi un parcours