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Libération
Interview

«Etre au fond du trou et créative?»

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publié le 6 novembre 2001 à 1h32

Rien à voir avec les photographies. L'âge est indistinct. Une queue de cheval tire en arrière ses cheveux châtains («Ma couleur véritable, précise-t-elle, mais le noir corbeau m'a toujours paru une couleur plus naturelle à porter.») Avec ses yeux bleus légèrement écarquillés ­ sans doute par les verres de ses lunettes d'écolière ­ ses chaussettes à rayures rouges et son gilet de ragondin, Stina Nordenstam ne correspond aucunement au cliché nordique (elle est suédoise), selon lequel toute femme, musicienne de surcroît, serait aussi torturée qu'un tableau du Norvégien Edvard Munch.

A Paris pour un jour, elle a fait des courses, déballe sa veste de cuir Prada, en commandant un verre d'eau gazeuse et une coupe de champagne à la fois.

Quand vous chantez, êtes-vous la narratrice ou l'objet de vos chansons?

Certainement pas l'objet! (silence). Non. Il me semble que j'ai plusieurs rôles dans ma musique. J'en suis d'abord la réalisatrice, la chef d'orchestre. Je pose le décor, la vue générale. L'interprétation vocale n'arrive qu'à la fin. Alors, je n'ai plus de point de vue d'ensemble: dès que je chante, je suis à nouveau innocente.

Vous voyez votre travail musical comme du cinéma?

Pas tout à fait. Il s'agit de travailler à une image dont je possède juste des bribes, qui ne sera jamais complète.

Quand vous élaborez un album, avez-vous une idée de sa couleur finale?

Le jeu consiste à poser des restrictions: me trouver quelque part où je n'ai jamais été; concevoir un thème inédit; faire la mu