On le croyait à l'épreuve des siècles, avec sa tête sculptée dans du vieux marbre et son torse droit comme un i. Le flûtiste malgache Rakotofrah, vedette world dès les années 50, nous a pourtant quittés il y a quelques semaines, manquant un événement dont il devait être le parrain: les Musiques de Madagascar à La Villette, à Paris. Comme d'autres «papys», cubains, sud-africains ou jamaïcains, la France avait adopté celui dont l'effigie ornait les billets de banque malgaches. Le festival de Langon le programmait régulièrement, avec le groupe du talentueux chanteur et guitariste Eric Manana, Feo Gasy (dimanche à La Villette). Rakotofrah était un virtuose de la sodina (flûte), aussi à l'aise dans les cérémonies traditionnelles que dans les boeufs de jazz. On ne le verra plus compter ses liasses derrière les tombes d'un village, après avoir fait danser les vivants et les morts; il ne défraiera plus la chronique avec ses frasques, comme lors de cette tournée américaine où on l'avait trouvé en possession d'une collection de micros glanés sur les concerts... Mais la Grande Ile ne manque pas de ressources sur le plan musical.
Aussi peut-on regretter que la programmation de La Villette se cantonne surtout aux artistes que défendent depuis près de dix ans les circuits français, fussent-ils bons. Comme Jaojoby, le roi de la populaire danse salegy, dont les spectacles sont un tourbillon de grooves imparables, percé par le faisceau des voix.
Saturation. D'Gary aussi est incontournable. Tra