Tout commence doucement sur Radio Nova il y a deux ans et se termine piteusement sur le dernier album de Felix Da Housecat il y a deux semaines. A la fin 1999, en effet, cette étrange et mélancolique complainte s'insinue régulièrement sur les ondes de la radio parisienne et dans les cavités tympaniques. Une ritournelle house neurasthénique qui démarre par un beat assez lent, quasiment au même tempo que Last Night a DJ Saved my Life d'Indeep (1982). Les notes de synthé qui s'installent ensuite sont tout aussi primaires, grasses comme un vieux Moroder. Enfin, une voix nasillarde, parce que «vocodérisée», traînante au lieu d'être entraînante, formule une invite, à prendre au tout premier degré: «Listen to the Sounds in your Ear.» Une invite à la danse aussi, mais minimale, parodique, un mouvement las, dandy et féminin qui ferait tourner la tête d'un côté, puis de l'autre, en bougeant les mains comme un Boy George démaquillé ou un Marc Almond fatigué.
Mais c'est le refrain qui va imposer une sorte de manifeste intime, une nouvelle «politic of dancing» comme disait un vieux classique new wave. Car à l'inverse de la traditionnelle injonction «Move your ass and feel the beat», ce refrain-là propose un mouvement inverse, introspectif, une sorte de «je danse donc je fuis»: «My life is music/And music is life/ My life is music/And music is life», chantée de façon très maniérée, exténuée. «Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable dans le plus grand