Mont Sainte-Odile (Bas-Rhin) envoyée spéciale
C'est un jeu de piste à la rencontre du passé. Ici, les blocs de grès poudingue disparaissent sous les feuilles et les glands d'automne. Ils réapparaissent là, gigantesques, soigneusement empilés, défiant le temps ou un adversaire connu d'eux seuls. Parfois, le mur n'est plus que chaos de pierres moussues. Puis il se redresse, fait corps avec un rocher menaçant, surplombe des pentes devenues plus abruptes. Plus loin encore, le grès devient rose, ou les moellons plus gros. Et, tout d'un coup, plus rien: sur plusieurs centaines de mètres, les pierres ont jadis été roulées en bas de la montagne pour construire le château de Dreistein, lui-même aujourd'hui en ruines.
Etrange construction que ce mur dit «païen», aux mensurations inédites (10 kilomètres de long, 3 mètres de haut, entre 1,60 et 1,80 mètre de large) et dont nul ne connaît avec certitude la fonction ni les origines (1). Il serpente à travers les Vosges du nord, épouse les accidents du relief, étreignant successivement les trois monts de Stollberg, Grossmatt et la Bloss. Forteresse? Lieu de culte? Manifestation d'une puissance médiévale? Son édification des blocs cyclopéens assemblés par des tenons de bois en «queue d'aronde» n'a d'équivalent que dans le monde méditerranéen. Etrange édifice, décidément, qui sème la zizanie chez les archéologues depuis des générations.
Mais, pour l'instant, l'heure est à la balade. Le randonneur romantique quitte au petit matin l'ancien co