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Libération
Critique

L'âge Betsch

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publié le 15 novembre 2001 à 1h37

S'il est difficile de déceler le moindre mouvement d'âme dans les expressions de Bertrand Betsch, c'est peut-être que quelque chose est mort en lui. Puits de tristesse, le chanteur qui s'avoue sorti d'une période dépressive semble pourtant excité à l'idée de parler de son nouvel album, BB Sides. Affilié au label Lithium, ce garçon de 31 ans est de ces jeunes chanteurs dont l'absence d'effusion contraste avec l'étalage de sentiments de tant de Pagny et autres Garou variétés.

Ou comment se distinguer de la vulgarité ambiante par un effacement de soi. Ces artistes saisis dans leur mal-être ont donné lieu au courant de la nouvelle chanson française, ainsi baptisé par une critique se voyant déjà débusquer une école, comme il y eut celle des peintres impressionnistes et des cinéastes Nouvelle Vague. «Je n'ai pas le sentiment d'appartenir à une famille. Chacun fait ses choses dans son coin», se défend l'émollient Betsch.

Réverb'. Bourgeois élevé dans l'Essonne, il apparut en 1997 avec un album, la Soupe à la grimace, entre minimalisme anecdotique et frisson d'automne. Ses manières pouvaient irriter. Comme chez Mendelson, autre artiste du label, la mue s'accompagne, au stade du deuxième album, d'une volonté d'exprimer en cris ses isolements. Chose faite avec BB Sides, dont l'intro en réverb' donne le ton d'une rage inédite dans le registre: «Je garderai RAN-CUN-E.»

Cet album teinté d'ironie n'aurait pas dû voir le jour. Né d'un projet collectif de reprises, par les artistes Lithium, de