Chaos, de Coline Serreau, est un film raté qui a une étrange vertu: il nous rajeunit. Nous sommes soudain au début des années 70. Nous suçons notre poing dans les jupes de plomb du film à thèse. Ce sont les années Pompidou et Deleuze, les années fin de Sartre avec crochets de l'extrême gauche dans la gueule du bourgeois. Mais ce sont aussi, pour le cinéma populaire, les années Funès et Boisset. Boisset Yves, rappelez-vous: la vie en noir et blanc; le gros sel militant jeté sur les plaies sociales, puis réchauffé, dix ans plus tard, dans la marmite du dimanche soir sur TF1. Coline Serreau vient aussi de ces temps-là. Elle est de gauche. Elle est féministe. Elle aime Brecht. Elle croit aux porteurs de messages et au combat de société mené sur tous les flancs. Ses oeuvres les plus fameuses, Pourquoi pas, Trois hommes et un couffin, Romuald et Juliette, la Crise, exploraient l'influence, dans l'intimité de quelques individus, d'un combat ou d'un phénomène social nouveau. C'était léger, tendre, réussi: le sens de la comédie et le plaisir du récit enveloppaient les lames du message. Cette fois, la lame est nue. Chaos est un film de poing, une comédie de meurtres; bref, un acte militant. Il devrait s'appeler: Putain de mâles! Pour dénoncer le sort fait aux femmes aujourd'hui, la réalisatrice amalgame tout: le beauf blanc égoïste, l'Arabe machiste qui vend ses filles, le maquereau slave tortionnaire. Entre eux, il n'y a qu'une différence de degrés: chacun exploite sa femme et se ven
Coline s'en va-t-en guerre
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par Philippe Lançon
publié le 16 novembre 2001 à 1h38
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