A quinze ans, ils partaient déjà en colo ensemble. Et c'est ensemble, par une porte inattendue, qu'ils «approchent la pensée» : ils sont un temps les gardes du corps du philosophe Herbert Marcuse, une des icônes de Mai 68. Léon, à l'époque, était «mao-spontex», Gilbert, lui, en tenait plutôt pour un autre Léon, Lev Davidovitch Bronstein, dit Trotski. Dans les années 1973-1974, ils entrent tous deux au Parti communiste et rencontrent Louis Althusser. L'un devient économiste, l'autre professeur de mathématiques. Ils ont aujourd'hui une «oeuvre», qui n'est ni dans une librairie ni dans un atelier ou un laboratoire : ils ont fait de Lille la capitale européenne de la philosophie.
200 intervenants, 60 conférences
Léon Wisznia, parisien, et Gilbert Glasman, parisien également («je suis du XIIe arrondissement, ce n'est pas pareil»), sont les créateurs et les organisateurs de CitéPhilo, manifestation qui se déroule jusqu'au 27 novembre dans la capitale du Nord (voir encadré) sur le thème «Traversées du quotidien». Qu'on n'imagine pas un «colloque» quelconque, un symposium universitaire ou des «journées d'étude». S'il s'agissait de théâtre, il faudrait penser à quelque chose comme «Avignon». Ce qui se fait à Lille, depuis 1997, n'existe en effet nulle part. Chaque année (au début pendant sur une semaine, aujourd'hui pendant un mois), CitéPhilo mobilise près de deux cents intervenants ; donne à entendre entre cinquante et soixante conférences, de trois à cinq par jour, attirant jusqu'à