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Libération
Interview

Plein champ d'horreur.

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Pendant trente ans, l'Anglais Don McCullin a immortalisé la guerre. Exposition à Paris.
publié le 19 novembre 2001 à 1h39

«McCullin s'est suicidé bien des fois avec son appareil photo, avec pour seul résultat, lorsqu'il a abaissé le viseur, de se découvrir une fois de plus sain et sauf, obligé de poursuivre "une vie normale". [...] Vu sous cet angle, McCullin le photographe de guerre est après tout McCullin le photographe paysagiste. Il est la même sentinelle fantomatique qui hante les jardins où il voudrait vivre.» En 1980, l'écrivain John Le Carré préface le nouvel ouvrage du photographe anglais Donald McCullin, Images des ténèbres. Le Carré condense en une vingtaine de pages une vie passée sur tous les conflits du monde, en Asie, Afrique ou Amérique latine, et dresse le portrait d'un baroudeur janséniste qui a marqué le photojournalisme durant près de trente années. Que ce soit par l'horreur des corps, la célérité des combats, la lumière ou les regards, McCullin montre un monde en souffrance. La Maison européenne propose une exposition saisissante et un livre rétrospectif de celui qui, aujourd'hui âgé de 66 ans, aura cherché toute sa vie à raconter la guerre et à placer, au coeur de l'image, «de la compassion».

Il y a trente ans, vous disiez que jamais vous n'accrocheriez vos photos à un mur.

Si je les accroche aujourd'hui, c'est parce qu'aucun magazine ou journal n'en veut. J'aurais pu les placer dans le métro ou à un arrêt de bus, où dans une gare, là où des milliers de gens passent et attendent. C'est ce que j'aurais préféré: qu'elles soient vues par le plus grand nombre.

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