A Londres comme à Barcelone ou Paris, Richard Bona commence toujours ses concerts par une chanson dédiée à sa mère. Sa voix cristalline est à peine soutenue par quelques nappes de synthés: «On peut vivre sans musique, essaie de se convaincre le bassiste camerounais, je ne sais pas si j'aurais pu vivre sans ma mère. Elle m'a tout appris, dont la chose la plus importante: l'amour et le respect des autres.» Né dans un village du Cameroun, ce musicien autodidacte, qui s'est fait remarquer en accompagnant les plus grands à la basse, a déjà deux albums à son actif: Scenes of my Life et Reverence, le dernier, entre jazz et musique africaine, le tout chanté en douala et bamwele.
New-yorkais. Les deux disques évoquent son enfance au Cameroun: le train qu'il prenait pour aller jouer au foot (Mbanga-Kumba), la fin du deuil de sa mère (Ngad'a Ndutu), les forêts qu'on détruit (Te Misea)... Un lien perdure avec sa terre natale, alors qu'il habite depuis six ans à New York: «Je raconte très peu aux autres artistes américains comment j'ai fabriqué tout seul mes premiers instruments. Déjà, la plupart, à force de me voir, oublient d'où je viens. Tout juste remarquent-ils que je teste un micro en chantant en douala. Ceux qui ont beaucoup voyagé, comme Herbie Hancock, se montrent curieux, mais beaucoup d'Américains ne se déplacent guère et ne connaissent pas l'Afrique.»
Le groupe qui l'accompagne sur scène est en revanche à l'image de New York, cosmopolite. Le percussionniste vient de Salvador de