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Libération

«Ben Laden flingue ma vie sexuelle»

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par Eva LE FLOCH
publié le 23 novembre 2001 à 1h42

Caroline a rêvé qu'Oussama ben Laden était caché sur sa mezzanine: «Un vrai cauchemar.» L'ennemi mondial n°1 a élu domicile sous nos crânes, il est devenu ce point d'interrogation vacillant qui clignote en permanence. Quand on l'oublie, car on n'est quand même pas débile tout le temps, la télévision se dépêche de recharger les batteries de notre aliénation. «Mon mec est passionné par tout ça, dit Valérie, 29 ans. Il mate les infos tous les soirs et moi je ne supporte plus la gueule de PPDA, avec sa voix suave et son regard de faux chien battu. Au secours! Ben Laden est en train de flinguer ma vie sexuelle. Evidemment, ce n'est pas son problème à ce genre de type coincé. La vie de l'humanité est pourrie par des nazes. Si le sexe leur suffisait, ils n'emmerderaient pas la terre entière. Que ce soit la spéculation boursière ou la guerre, pour moi c'est pareil, c'est impulsé par des hommes qui utilisent et maîtrisent mal leur volonté de puissance. "Je veux être le maître du monde", ça va bien cinq minutes.» Ce qui commence à se chuchoter sous les manteaux féminins, c'est que c'est un peu comme le foot. On peut faire semblant de s'y intéresser un moment, par jeu et par amour, mais enfin, par quelque bout qu'on le prenne, ça ne parle que d'histoires d'hommes entre eux. Passé le stade d'une curiosité bien intentionnée, on fait quoi, les filles? On s'identifie à qui? Les rôles de femmes sont bien délimités: victimes pulvérisées du World Trade Center ou femmes afghanes encagées. Merc