Le piratage intense des codes et figures du cinéma par le jeu vidéo nous ferait presque oublier qu'il existe un autre domaine avec lequel cette industrie partage de nombreux points communs: la bande dessinée. Le cousinage est historique puisque la culture du jeu vidéo puise une bonne part de sa généalogie dans le manga japonais, dont les héros furent les premiers à être transposés dans le monde ludovirtuel. De surcroît, les dessinateurs de manga ont été très nombreux à prolonger leur travail dans cette nouvelle dimension.
Aujourd'hui, nos consoles fleurissent de titres consacrés aux héros de papier. Le mouvement n'est pas nouveau mais il s'intensifie. L'année écoulée aura comblé les amateurs de toutes catégories: les fans de comics américains auront eu leur Spider Man, les tenants de la ligne claire leur Tintin (licence très attendue et d'autant plus décevante), les fidèles de l'école belge leur Lucky Luke (Game Boy et PSOne), les irréductibles de l'enfance leur Turbo Schtroumpf et les franchouillards indécrottables leur Astérix. La liste n'est pas close. Mais il n'est pas sûr que, même beaucoup plus longue, elle devienne alléchante: comme c'est très souvent le cas avec les jeux adaptés de films, les jeux tirés de personnages de BD sont systématiquement déceptifs.
La première raison est d'ordre quasi mécanique: il est très difficile d'investir en émotions nouvelles un personnage déjà chargé d'émotions et avec lequel on partage éventuellement une expérience «littéraire»: le pla