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Libération
Critique

La Troppa au centre de la Terre.

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publié le 23 novembre 2001 à 1h42

«Le théâtre était devenu le moyen d'échapper à l'enfermement de la réalité», disaient les Chiliens de la Troppa, au printemps dernier lors de la tournée de Gemelos, spectacle lumineux qui les a révélés en France. Grandis sous la botte des pinochettistes, Laura Pizarro, Jaime Lorca et Juan Carlos Zagal trouvaient refuge dans leur atelier de construction où ils projetaient de fabuleux voyages imaginaires. Sur la scène du Théâtre 71 de Malakoff, où ils présentent Voyage au centre de la Terre dans le cadre du festival MAR.T.O, se dresse une puissante locomotive, à la fois véhicule absolu de l'échappée et jouet suprême nimbé de ces ombres fantastiques propres à l'univers de Jules Verne.

Au fil du spectacle, qui respecte d'assez près les aventures du professeur Lindenbrock et de son neveu Axel, l'incroyable engin à vapeur se transforme à l'envi, chaque modification entraînant une nouvelle vision du monde. Castelet laboratoire dans l'Europe de la révolution industrielle au début, il se fait train, bateau, montgolfière, puis cheminée du cratère du Sneffels qui, selon le cryptogramme de l'alchimiste Arne Saknüssemm, doit les mener au centre de la Terre. Pour finir ventre de la baleine dans les mers souterraines de cette quête initiatique, telle la matrice de leur renaissance.

Rap del Quijote, Pinocchio, Gemelos ou Voyage, c'est bien la même utopie qui tenaille la Troppa de spectacle en spectacle, l'idée d'une «évolution possible de l'individu à travers les épreuves», y compris quand il