Si la scène finlandaise est considérée comme l'une des plus intéressantes de la musique contemporaine actuelle, le combat pour la modernité aura été long, dans ce pays étouffé par la tradition. Dans les années 20, déjà, les incompris Merikanto, Raitio et Pingoud sombrèrent dans l'alcool, la drogue et la folie. Dans les années 60, les compositeurs finlandais commencèrent à rencontrer leurs homologues de l'avant-garde européenne, mais seuls Bergman, Heininen et Meriläinehn résisteront plus tard aux sirènes du néoclassicisme. Et c'est au milieu des années 80 que Magnus Lindberg et Kaija Saariaho se font connaître. Né en 1958 et bricolant depuis l'âge de sept ans les ordinateurs de son père, ingénieur chez IBM, Lindberg trouve en France et à l'Ircam l'occasion d'échanger des propositions musicales avec Manoury, Grisey et Murail.
Comment garder un lien entre grammaire, syntaxe et expression musicales, sans tomber dans les pièges de la néotonalité ou de la recherche formelle déconnectée du public? Voilà la question à laquelle répond Lindberg. Passionné par les mathématiques et la combinatoire donc par la musique sérielle et l'oeuvre de Xenakis , il compose, enfant, sur un accordéon. Faut-il chercher dans la pratique de cet instrument populaire le secret des oeuvres directes et physiques qu'il imaginera ensuite, et qui en font l'aboutissement d'une histoire musicale qui va de Beethoven à Berio en passant par Stravinski et Varese? Sans doute, mais il faut y ajouter l'enseignement