On craint toujours les hommages. Celui rendu à Boris Kochno passe bien, sans emphase. Sans doute cela tient-il à la personnalité du poète (lire ci-dessous), homme de coulisse plus que de scène, secrétaire de Serge Diaghilev et du peintre Christian Bérard, librettiste pour nombre de ballets signés Massine, Balanchine ou Roland Petit. En une soirée et trois pièces, défile devant soi tout un pan de l'histoire de la danse, du temps où les créateurs dandys animaient les nuits parisiennes.
Rare «Mavra». Après un film de Pierre Philippe résumant judicieusement la vie de Kochno en 9 minutes et 17 secondes, on attaque avec Mavra, opéra bouffe d'Igor Stravinski, sur un livret de Kochno d'après Alexandre Pouchkine, créé en 1922 et présenté ici dans une mise en scène d'Humbert Camerlo. Cette curiosité qui fut mal reçue, provoquant un scandale égal quoique moins tapageur au Sacre, envoyant l'oeuvre aux oubliettes à coup de «Mavra, c'est mavrant», ne manque pas de charme. Le décor en forme de bande dessinée permet de suivre une intrigue simplissime d'amour et de travestissement. Bien que trop modestement servi par les voix, cet opéra condensé en trente minutes étonne par son genre très particulier, mêlant romance tsigane et bel canto italien. Une rareté qui éclaire l'oeuvre du compositeur.
Toujours sur un livret de Kochno, le ballet le Fils prodigue éloigne le sujet biblique pour se concentrer sur l'aventure et la dérive individuelles. La chorégraphie de George Balanchine, 25 ans lors l