Gérone envoyé spécial
Le soir, quand les ombres s'allongent, le Call, l'ancien quartier juif de Gérone, prend des airs de mystère. Les bandes de touristes ont quitté les ruelles étroites et hautes qui entourent la cathédrale. Les patios et les jardins étranges qui se cachent derrière de lourdes portes en bois sculpté retrouvent leur calme. On se croirait alors dans un conte de Jorge Luis Borges. Sur la carrer Sant Llorenç, des escaliers abrupts dégringolent sous des voûtes pleines de secrets. C'est là, sur la gauche, un peu avant la plaque qui célèbre la mémoire d'Azriel de Gérone, maître de la première école kabbalistique ibérique, et du poète Messulam ben Shlomo de Pierra, que, dans les années 80, s'ouvrait le centre Isaac el Sec. Aujourd'hui ce lieu consacré à l'histoire juive de la ville a grandi: il possède une grande entrée sur la carrer de la Força, la rue de la forteresse. Et il a changé de nom. Il ne se réfère plus à Isaac l'Aveugle («el sec» en catalan), ce rabbin provençal qui envoyait il y a huit siècles des lettres sur la Kabbale à de distingués Géronais. Ce musée s'appelle maintenant Bonastruc ça Porta. C'est sous ce nom, qu'au XIIIe siècle, vivait dans la ville Moïse ben Nahman, philosophe, médecin, talmudiste, commentateur de la Bible et kabbaliste plus connu dans les synagogues du monde entier sous le nom de Ramban ou Nahmanide.
Trésors immatériels. Comme la ville a fait de son passé sépharade et médiéval un argument touristique, le centre Bonastruc ça Porta e