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Libération

Tête à claps

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publié le 30 novembre 2001 à 1h47

«Beware, the funk is everywhere» clamait Afrika Bambaataa, le pape de la Zulu nation. «Everywhere» peut-être, mais sur You Rock my World, le dernier single de Michael Jackson, il faut y aller au sonar. Il gît encore à quelques moments bien précis: à 1,04 min puis à 2,04 puis encore à 3,04 puis à 3,48 sur le radio edit. Avant le refrain, à intervalles réguliers, au moment du clap hands (appelons ça comme ça faute d'avoir été ingénieur du son à la Motown et en souvenir des touches de synthé de l'enfance). Dans le funk, le clap hands incarne beaucoup plus qu'un gimmick. C'est un paradigme, une figure imposée, aussi discriminante pour le genre que la basse slappée ou la tignasse de George Clinton. Sans le clap hands réglementaire, les mythes funkoïdes comme Music and Lights d'Imagination, Last Night a DJ Saved my Life d'Indeep, Get Down on It des Kool and the Gang ou même le préhip-hop Rapper's Delight du Sugarhill Gang n'existeraient pas. Un peu comme si les BO de Bernard Hermann, le compositeur d'Hitchcock, avaient été privées de leurs «tierces parallèles», technique-maison pour produire le frisson malaisant, ou le blues interdit de slide guitar et de bottlenecks.

Le clap hands, c'est tout ce qui reste du retour de la momie, même rougeoyant et tournoyant dans son clip façon Jim Carey dans The Mask. Une fois ôtées les bandelettes hyperaseptisées et synthétisées qui maquillent le single, on touche l'os, la structure, le squelette, ce «quelque chose» qui continue de faire tenir de