Quelques jours avant Noël, un petit garçon est surpris en train de voler une panoplie de Superman dans un supermarché. Reconduit chez lui par la police, il se jette le soir même par la fenêtre du seizième étage et s'écrase dans la neige. On imagine la dramatique télé qui pourrait être tirée de ce fait divers aussi édifiant que vraisemblable. Mais c'est une pièce de théâtre (1) que Lionel Spycher a imaginée sur cette trame. Ce n'est pas sans une certaine appréhension que l'on prend place dans la salle du Théâtre de l'Aquarium, redoutant la prise d'otage et le chantage aux bons sentiments, un 9 mm c'est le titre braqué sur la tempe. Bonne surprise, le texte de Spycher échappe en grande partie au piège du naturalisme à thèse.
Hors champ. En trente et un tableaux, 9 mm s'attache surtout à imaginer des personnages. L'essentiel de l'action (la scène du vol, l'enfant reconduit chez lui, sa mort) se déroule hors champ, selon les recettes de la tragédie classique. Spycher s'intéresse à l'avant, à l'après et aux à-côtés du drame. Ses protagonistes sont liés par des fils souvent contradictoires. Figure de salaud parfait, M. Kléber, le gérant du supermarché, n'est guère plus antipathique que Bruno Vendetti, grand frère et petit truand. Quant à la mère résignée , ou à la secrétaire qui prépare le café et se tait, elles sont des héroïnes par défaut. Le seul à s'en tirer si l'on peut dire étant Allamodio, le vigile noir du supermarché, exécutant modèle devenu justicier.
Nerveux. L