Ce qu'on ne dit jamais et qu'on ne veut pas savoir, c'est que le sexe, c'est du boulot. Comme la plupart des activités humaines, ça requiert disponibilité, concentration, efforts et compétences techniques (quand ça n'exige pas dix ans sur un divan), le tout devant être transmuté en grâce et légèreté par l'opération du Saint-Esprit, qui se pointe quand ça lui chante, sinon ça serait trop facile. L'humanité se divise entre ceux qui croient au sexe comme sésame de l'existence et les déçus de l'extase qui estiment que tout cela se résume à quelques trous dont on a vite fait le tour. Rien n'empêche de faire alternativement partie des deux catégories, en fonction des jours, des humeurs, et des rencontres, le meilleur aphrodisiaque demeurant somme toute l'amour, qui marche main dans la main avec le désir, donc à cloche-pied. Autant dire qu'on n'est pas aidés. Selon la doctrine des paresseux, qui ne manque pas de sagesse, il «ne faut pas se forcer, ça vient et ça revient tout seul», et si ça ne revient pas, tant pis. Selon les moralistes et les volontaristes, il ne faut pas lâcher le morceau, rien n'indique que le désir soit irrémédiablement condamné à péricliter entre deux personnes. Le truc, paraît-il, c'est de ne pas attendre la pulsion les bras croisés, car elle peut se faire attendre des lustres et même se faire oublier (on s'habitue très bien à l'abstinence) mais la provoquer, la cultiver, l'entretenir par la pensée. Le sexe, c'est un état mental. C'est une manière de s'extirp
Travail au corps
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par Eva LE FLOCH
publié le 30 novembre 2001 à 1h47
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