Sous prétexte d'une invitation pour la commémoration du poète Tagore, Pasolini fait un voyage en Inde. Accompagné de Moravia et d'Elsa Morante, il devient ce «Barbare en Asie» qui tour à tour s'étonne, s'émerveille et frémit devant tant d'altérité. La nuit l'appelle, il contient mal «la bête assoiffée, [en lui] emprisonnée, comme en cage». Bombay, Calcutta, Delhi, Bénarès «le Saint-Pierre de l'Inde»... Pasolini ne se contente pas de décrire. Il analyse les moeurs du sous-continent: cherche les raisons du système des castes; compare la bourgeoisie locale et son absurde Rotary Club avec le snobisme maladroit des notables du sud de l'Italie; lance des petites piques à Nehru qui «se souvient un peu trop qu'il est brahmane». Pour l'auteur des Ragazzi, le tourisme est aussi l'occasion de faire le tour de ses propres interrogations. Si Pasolini ne laisse pas d'admirer la douceur indienne, il est épouvanté par la misère: «Chaque fois qu'en Inde on laisse une personne, on a l'impression d'abandonner un moribond qui va se noyer au milieu des épaves d'un naufrage.» Il y a le jeune Revi, il veut le sauver. Et dans ce texte, c'est un autre visage du poète italien qui se dévoile. Une certaine compassion selon Pier Paolo.
Les Anges paraissent
Paraissent également les Anges distraits (Folio), des nouvelles écrites dans le Frioul, région natale de la mère de Pasolini. En plus des impressions de vacances et émois de la jeunesse, ce recueil contient des récits autobiographiques sur ses convictio