Run, graphiste de 25 ans, tignasse rouge vif, en est convaincu: «Jésus, c'est le premier superhéros. Sur certaines peintures religieuses, ses yeux lancent des rayons laser et les gens qu'il atteint sont touchés par la grâce, c'est très manga.» Sur son site perso, tout en Flash, on retrouve son goût immodéré pour l'iconographie religieuse. Un traumatisme lié à ses cours de cathé ? «Je ne suis pas croyant, j'ai fait un gros rejet à l'époque, j'ai même pris ma carte au PC. Mais j'adore ce côté kitsch, surchargé, confesse-t-il rigolard. C'est incroyable ce que tu trouves dans les églises, y a plein de gargouilles flippantes, des monstres...»
La page d'accueil, syncrétisme parfait entre mythes païens, chrétiens, éléments vaudous et autres kitscheries, pullule de micro-animations. En promenant sa souris, on déniche une foule de petites surprises. Les plus persévérants découvriront l'entrée d'un parc d'attractions vaudou ou celle d'une grotte miraculeuse qui donne accès à une reconstitution minutieuse de Lourdes. Où Run s'est rendu à deux reprises «pendant les pèlerinages» et d'où il est reparti avec deux bidons de 5 litres d'eau bénite. «C'est un truc de dingue, avec ce grand sanctuaire au centre, la grosse croix qui illumine la nuit, la basilique antiatomique, les cortèges en fauteuil roulant, les cierges...» Sa vision de Lourdes ressemble toutefois plus à un film apocalyptique de série Z qu'à un lieu de prières: la croix phosphorescente communique avec les soucoupes volantes, l'I