«Le bruit qui rend marteau, le bruit du frigo», fredonnait la Mano Negra dans une chanson éponyme à la sinistre fin: exaspéré par le bourdonnement obsédant de l'appareil, l'amant délaissé se jette par la fenêtre. Plus souriante, l'expérience proposée par le compositeur et sculpteur sonore belge Ward Weis qui consacre un site entier au ronronnement sourd du réfrigérateur. Fridges and Streets est une installation sonore qui se présente sous la forme d'un plan de ville découpé en seize quartiers. Quand on clique sur l'un d'eux, on déclenche le bourdonnement monotone d'un frigo situé dans cette partie de la ville et la clameur de la rue où il est localisé. «Ce site interroge le temps et l'espace, explique l'auteur. Le frigo est atemporel. Il ronronne toujours de la même manière. Par contre, le bruit d'une rue n'est le même à aucun moment de la journée, il est unique. Fridges est une porte qui s'ouvre et se ferme sur l'intérieur; Streets est une fenêtre qui s'ouvre et se ferme sur l'extérieur.» L'artiste, qui a déjà sévi à Abcoude près d'Amsterdam, à Bruxelles et à Gand, espère se propager à Paris, Anvers ou encore Berlin. Il invite tous les gens intéressés à étendre la liste des villes participantes pour faire chanter les frigos dans le monde entier. Versé depuis vingt ans dans la musique contemporaine et électroacoustique (Cage, Kagel, Pierre Henry), Ward Weis n'en est pas à sa première opération électroménagère puisqu'il a déjà commis une sonate pour machines à laver. Bruits n
Critique
La complainte du frigo
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par Marie Lechner
publié le 21 décembre 2001 à 2h02
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