C'est en décembre que le jardinier relit son pay sage familier. Si l'on demande toujours à l'hiver «de faire son travail» d'enracinement, ce n'est plus forcément en tournant le dos à cette saison brumale, dans l'attente impétueuse du printemps. «J'aime particulièrement me promener dans mon parc en hiver, affirme Roland Garaudet, propriétaire des jardins de Barbirey, en Côte-d'Or. On a tout le temps pour le regarder. Les sensations sont fugitives, comme un léger miroitement sur le feuillage cuivré des hêtres. Les mousses se dévoilent d'un vert plus phosphorescent. Le noyer, peu intéressant en été, livre toute sa ramure complexe. Le parc est épuré, sans décoration végétale.»
Depuis longtemps, le jardin a été peint, puis photographié, sous la neige et dans le brouillard: squelettes sombres des arbres, fins ourlets sur un ellébore noir et bien d'autres illusions graphiques. Mais l'image de l'hiver ne relève pas que de cette mise en scène cotonneuse. S'il a creusé en profondeur ses sillons dans bien des plates-bandes, «c'est que le jardin a repris une place essentielle, durable, dans la vie de nombreux Français, expliquait le paysagiste Régis Juvigny, lors des Journées des plantes de Courson (Essonne), les 20 et 21 octobre. Il ne s'agit plus d'un retour brutal à la terre, ni d'un passage éphémère dans la nature. Aux paysagistes, jardiniers et ruraux de toujours, s'ajoutent de nouveaux mordus: les citadins installés dans les campagnes, ou les urbains attachés à leur balcon ou arpen