Pékin intérim
Les autorités centrales auront tout de même mis plusieurs jours à réagir avant d'annuler mercredi dernier à mi-parcours le tout premier Festival de films gay organisé en Chine, peut-être laissées groggy au départ par le culot de cette initiative dans la capitale d'un pays où jamais un long-métrage explicitement consacré à l'homosexualité n'a franchi le bureau de la censure. Un pays où personne n'avait jusqu'à présent osé monter un festival de films simplement indépendants. Mais parfois il suffit justement d'un brin d'audace et d'une once de ruse pour «enfoncer les portes», comme le dit avec un sourire complice le scénariste Cui Zi'en, coorganisateur de la modeste mais détonante manifestation qui vient d'avoir lieu à Pékin.
Inédits. Tout est parti de la volonté d'une poignée d'étudiants cinéphiles de l'université Beida de «donner aux Chinois une occasion de mieux connaître les tongzhi («camarades») grâce au cinéma». Leur enthousiasme finit par convaincre les caciques de la prestigieuse université de les laisser monter un «festival étudiant» de films homos sur le campus. Forts de ce sésame, ils se tournent alors vers Cui Zi'en, professeur à l'Institut du cinéma, et l'un des rares membres engagés de la communauté gay locale. Ce dernier se démène à son tour pour rassembler les cassettes d'une quinzaine de classiques étrangers, destinés à être diffusés une semaine durant dans plusieurs bars du quartier étudiant. Et surtout, pour organiser, le week-end dernier, dan