L'engouement chic qui semble avoir un temps entouré le moindre sous-produit asiatique, Fruit Chan n'en aura pas profité. Pour certains, le cinéaste a déjà connu son moment de gloire, mais il fut de si courte durée que Chan n'accéda jamais au statut du fruit of the loom, le parfum du moment. On se souvient, en 1997, d'un deuxième film au titre ironique, Made in Hong Kong, qui agita vaguement la cinéphilie, décelant là une valeur montante alors que le film n'était qu'une petite chose affaiblie par un amour immodéré pour les chemises scintillantes et les garçons coiffeurs qui, quand vient le soir, veulent jouer à John Woo. Little Cheung, son quatrième film mais premier à vraiment nous convaincre, est invité à grappiller les miettes de la distribution (date de sortie sans cesse repoussée, affichage zéro...). La situation financière de Fruit ne doit pas s'en trouver embellie, lui qui refuse toute bourse d'Etat, figure de proue d'une indépendance d'esprit totale vis-à-vis des autorités chinoises (alors qu'il est lui-même un pop de Chine), s'endettant jusqu'au cou, empruntant de l'argent où il peut: famille, amis...
Garçon soucieux. Esthétiquement, ses convictions apparaissent plus floues. Made in Hong Kong essayait d'être pétillant et énergique, l'inédit Longest Summer se voulait à ce point adulte qu'il s'encombrait de lourdeurs. Celui-ci, qui traverse la ville avec deux enfants des rues, est d'ores et déjà son oeuvre la plus légère, néoréaliste. Un film parfaitement émouvant. Logi