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Libération
Critique

Le bon vieux temps de Tavernier.

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publié le 9 janvier 2002 à 21h37

Quel pataquès! D'un côté, un cinéaste, Bertrand Tavernier, affirmant rétablir par les joies épiques de la fiction la vérité historique du cinéma français tel qu'il prospéra sous l'Occupation; de l'autre, l'un des inspirateurs principaux du film, Jean Devaivre, 90 ans, refusant subitement de cautionner un film massivement hagiographique censé le propulser au firmament de l'héroïsme créatif et résistant, s'estimant «spolié» au point de traîner la production devant la justice qui lui a donné, à moitié, raison (lire Libération des 4 et 5 janvier)

Nostalgique. Le problème de Bertrand Tavernier, c'est probablement qu'il a des idées très arrêtées sur tout un tas de sujets et tient à les faire partager: la douleur d'être un poilu (Capitaine Conan), la difficulté d'être flic (L 627), le martyre des instituteurs en province (Ça commence aujourd'hui)... Avec Laissez-passer, il affronte une de ses marottes favorites au croisement de l'idéologie et de l'esthétique: le cinéma français au temps de Pétain et de l'occupation nazie. Parce qu'il estime que des gens estimables ont pu à la fois travailler au sein de la Continental, la société de production dirigée par les Allemands, et être des hommes libres, vierges de toute compromission intellectuelle, parfois même résistants, jouant la carte de l'infiltration pour mieux saboter l'entreprise ennemie, Bertrand Tavernier imagine un film-fleuve à double foyer.

D'un côté, on suit la trajectoire de Jean Aurenche (Denis Podalydès), dandy dilettante e