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Libération

Le dernier voyage de Christer Strömholm.

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Nomade et éclectique, le photographe suédois laisse une oeuvre pudique.
publié le 12 janvier 2002 à 21h39

Christer Strömholm est mort vendredi à Stockholm, à l'âge de 84 ans. Selon Christian Caujolle, directeur de l'agence VU qui vient de lui consacrer une exposition à Paris, «sa capacité à aborder frontalement ses sujets, sans aucun effet, évoquait immanquablement Walker Evans, mais un Walker Evans européen, plus émotionnel que l'Américain. Durant un demi-siècle, absolument libre, volontaire et entêté, il a tracé son sillon, en solitaire».

Né à Stockholm en 1918, Strömholm quitte la Suède à l'âge de 19 ans, pour Dresde, avant de rejoindre Paris puis Arles. C'est en 1946 qu'il découvre la photographie, à l'Ecole des beaux-arts de Paris. Après ses portraits de célébrités (Man Ray, Le Corbusier, Duchamp ou Giacometti), il aborde entre 1956 et 1962 son grand oeuvre sur les transsexuelles de la place Blanche à Paris, sans nul voyeurisme et comme traquant le mystère des visages de Gina, Kismee ou Cobra. Puis l'artiste voyage : du Japon à l'Afrique, de l'Inde aux Etats-Unis, avant de diriger pendant douze ans l'école de photographie de l'université de Stockholm.

Ausculter les apparences, questionner la réalité sera toujours le souci de ce sceptique à la tristesse généreuse. Eclectique, boulimique parfois, Strömholm laisse une oeuvre magistrale, pudique et fascinante. Obsédé par la lumière, ce perfectionniste du tirage place une densité sensuelle dans le moindre de ses noirs. Caujolle ajoute : «Au moment où les fausses catégories entre "documentaristes" et "artistes" explosent enfin, où