Menu
Libération
Interview

«J'ai débuté trop vieux, fini trop jeune».

Article réservé aux abonnés
Rencontre avec Maurice Pialat, las mais toujours rageur.
publié le 16 janvier 2002 à 21h41

Maurice Pialat est sans doute le plus grand cinéaste français vivant, bien vivant même, à 76 ans, malgré les séances de dialyse à répétition, les malaises, le souffle souvent court. Mais cela fait près de huit années qu'il n'a plus tourné, depuis le Garçu (1994), avec Depardieu, Rocheteau et son propre fils, Antoine. Tournera-t-il encore? S'il l'espère à chaque minute, lui-même ne le sait pas. Ce qui le fait vivre, survivre? Moins la certitude que son oeuvre restera, vue par les jeunes cinéastes qui s'en inspirent et les spectateurs impressionnés, que son éternelle mauvaise humeur: Pialat reste ce mauvais oeil scrutant le cinéma ou la société française, cette langue bien pendue qui leur dit ses quatre vérités. Un râleur indispensable et perspicace, qui parle avec la précision qu'il mettait à tourner. Le festival d'Angers propose une rétrospective intégrale des dix films du cinéaste (de l'Enfance nue, en 1968, à Van Gogh, en 91, et au Garçu, en passant par Loulou, A nos amours, Sous le soleil de Satan...) et montre le feuilleton qu'il réalisa en 1971 pour la télévision, la Maison des bois, chef-d'oeuvre absolu. La rencontre s'imposait.

Que devenez-vous? Comment vivez-vous?

Je rêve souvent d'un film: un type meurt, c'est la fin, sans pathos, puis un noir total, qui dure. Salut. 95 % des gens imprimés sur pellicule depuis le début du cinéma sont morts, mais ils sont toujours là si vous les regardez sur l'écran. Je voudrais, de la même façon, tourner après ma mort. C'est une i